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Un autre exemple, le Québec connaît depuis janvier un record de exemple, plusieurs incidents violents, notamment la tuerie d’Atlanta,
féminicides avec 10 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en visaient des Asiatiques.
seulement quatre mois alors qu'il y en avait eu 12 durant toute l’année
2020. Ce décompte macabre est intimement lié à la pandémie : le huis Plus de risques, moins de résilience
clos familial imposé par les mesures de confinement a favorisé le Composée de psychiatres, de psychologues et de spécialistes des
contrôle coercitif des maris abusifs. Mais, ce que les organismes sciences sociales ou de l’éducation, notre équipe interdisciplinaire
d’aide aux victimes de violence conjugale ont observé, c’est que tente d’évaluer les répercussions socioculturelles de la Covid-19
les drames se nouaient souvent à la faveur de la levée de certaines sur les groupes marginalisés au Canada. À la lumière des
restrictions de mouvement. Que leurs femmes retrouvent de résultats obtenus, non seulement la pandémie aurait provoqué un
l’oxygène hors de chez elles, par exemple sur leur lieu de travail, affaiblissement de la résilience des personnes et des communautés,
fait craindre aux époux violents de perdre ce pouvoir absolu sur leur mais elle se serait doublée d’une aggravation des facteurs de risque
victime, et c’est là que le danger est le plus grand.
associés à la violence.
Même le Suède ne peut pas y échapper. Lorsque l’on évoque les Par exemple, deux des principales consignes pour prévenir la
féminicides il y a des pays dont on parle peu car on pense qu’ils sont contagion — soit les fermetures et les restrictions en matière de
moins concernés. C’est le cas de la Suède où, pourtant, les violences déplacements — ont fait l’objet de débats politiques polarisés.
faites aux femmes sont aussi en hausse. Depuis le 31 mars, cinq Parallèlement, l’incertitude économique est apparue comme un
femmes ont été tuées en Suède par un homme, souvent leur conjoint. facteur d’anxiété croissant durant la pandémie. Dans leur ensemble,
Les médias en ont beaucoup parlé car c’est inhabituel. En moyenne ces facteurs ont accentué la polarisation sociale liée à la race.
en Suède, on compte une quinzaine de féminicides par an.
Pour expliquer cette hausse macabre, les autorités mettent en avant
le covid, qui oblige à des cohabitations forcées dans les familles et
éloigne les femmes en détresse des services publics qui pourraient
les aider. Il y aussi l’état d’esprit du pays qui se considère comme
l’un des plus avancés concernant le droit des femmes et qui aurait
tendance à se reposer sur ses lauriers.
D’autres rapports montrent une hausse des actes de discrimination à
l’égard des communautés minoritaires de même qu’une exacerbation
du discours haineux et des tensions ciblant les groupes racisés. Par
Un manifestant anti-masques passe devant un policier lors d’une manifesta-
tion en novembre dernier contre les mesures prises par les autorités sanitaires
à St.Thomas, en Ontario. La Presse Canadienne/Geoff Robins
Propagées rapidement sur Internet, les théories conspirationnistes attribuent la responsabilité de la crise actuelle à des groupes minoritaires
précis. Dans un autre ordre d’idées, les conséquences socioéconomiques de la pandémie touchent davantage les petits salariés.
L’isolement social (ou, au contraire, le surpeuplement des logements) et l’abus croissant de substances psychoactives ont fragilisé encore plus
la santé mentale de personnes soumises au stress d’un avenir incertain. Ces facteurs sont aussi intervenus dans des contextes politiques de plus
en plus polarisés, notamment l’insurrection survenue récemment au Capitole — laquelle a en retour accru la probabilité d’actes de violence
intergroupe.