Page 70 - <>期刊 v1
P. 70

70
                                                                                                           Back
           ID D N U  |  iddnu@suntrap.com   |   www.suntrap.com


           Un autre exemple, le Québec connaît depuis janvier un record de   exemple, plusieurs incidents violents, notamment la tuerie d’Atlanta,
           féminicides avec 10 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en   visaient des Asiatiques.
           seulement quatre mois alors qu'il y en avait eu 12 durant toute l’année
           2020. Ce décompte macabre est intimement lié à la pandémie : le huis   Plus de risques, moins de résilience
           clos familial imposé par les mesures de confinement a favorisé le   Composée de psychiatres, de psychologues et de spécialistes des
           contrôle coercitif des maris abusifs. Mais, ce que les organismes   sciences sociales ou de l’éducation, notre équipe interdisciplinaire
           d’aide aux victimes de violence conjugale ont observé, c’est que   tente  d’évaluer  les répercussions  socioculturelles  de  la  Covid-19
           les drames se nouaient souvent à la faveur de la levée de certaines   sur les groupes marginalisés au Canada. À la lumière  des
           restrictions  de  mouvement.  Que  leurs  femmes  retrouvent  de   résultats obtenus, non seulement la pandémie aurait provoqué un
           l’oxygène hors de chez elles, par exemple sur leur lieu de travail,   affaiblissement de la résilience des personnes et des communautés,
           fait craindre aux époux violents de perdre ce pouvoir absolu sur leur   mais elle se serait doublée d’une aggravation des facteurs de risque
           victime, et c’est là que le danger est le plus grand.
                                                                 associés à la violence.
           Même le Suède ne peut pas y échapper. Lorsque l’on évoque les   Par exemple,  deux des principales consignes pour prévenir  la
           féminicides il y a des pays dont on parle peu car on pense qu’ils sont   contagion  — soit les  fermetures  et  les restrictions  en matière  de
           moins concernés. C’est le cas de la Suède où, pourtant, les violences   déplacements  — ont fait  l’objet  de débats politiques  polarisés.
           faites aux femmes sont aussi en hausse. Depuis le 31 mars, cinq   Parallèlement,  l’incertitude  économique  est  apparue  comme  un
           femmes ont été tuées en Suède par un homme, souvent leur conjoint.   facteur d’anxiété croissant durant la pandémie. Dans leur ensemble,
           Les médias en ont beaucoup parlé car c’est inhabituel. En moyenne   ces facteurs ont accentué la polarisation sociale liée à la race.
           en Suède, on compte une quinzaine de féminicides par an.

           Pour expliquer cette hausse macabre, les autorités mettent en avant
           le covid, qui oblige à des cohabitations forcées dans les familles et
           éloigne les femmes en détresse des services publics qui pourraient
           les aider. Il y aussi l’état d’esprit du pays qui se considère comme
           l’un des plus avancés concernant le droit des femmes et qui aurait
           tendance à se reposer sur ses lauriers.

           D’autres rapports montrent une hausse des actes de discrimination à
           l’égard des communautés minoritaires de même qu’une exacerbation
           du discours haineux et des tensions ciblant les groupes racisés. Par






                                                                 Un manifestant anti-masques passe devant un policier lors d’une manifesta-
                                                                 tion en novembre dernier contre les mesures prises par les autorités sanitaires
                                                                 à St.Thomas, en Ontario. La Presse Canadienne/Geoff Robins




           Propagées rapidement sur Internet, les théories conspirationnistes attribuent la responsabilité de la crise actuelle à des groupes minoritaires
           précis. Dans un autre ordre d’idées, les conséquences socioéconomiques de la pandémie touchent davantage les petits salariés.

           L’isolement social (ou, au contraire, le surpeuplement des logements) et l’abus croissant de substances psychoactives ont fragilisé encore plus
           la santé mentale de personnes soumises au stress d’un avenir incertain. Ces facteurs sont aussi intervenus dans des contextes politiques de plus
           en plus polarisés, notamment l’insurrection survenue récemment au Capitole — laquelle a en retour accru la probabilité d’actes de violence
           intergroupe.
   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75