Page 54 - <>期刊 v2
P. 54
54
Back
ID D N U | iddnu@suntrap.com | www.suntrap.com
De minuscules caillots sanguins (micro-thrombi) ont également été Bien que cette cohorte soit principalement composée de formes
décrits, de même qu’un appauvrissement du nombre de lympho- sévères de Covid-19, elle comptait deux personnes décédées à un
cytes (lymphodépletion) dans les ganglions lymphatiques et dans la stade précoce de l’infection (par embolie pulmonaire à domicile et
rate. Peu de changements morphologiques notables ont été observés du fait de complications fatales liées à une comorbidité). Ces deux
à l’examen histologique du cerveau des 11 cas étudiés. patients présentaient cependant déjà une infection disséminée, avec
détection de l’ARN du SARS-CoV-2 dans l’ensemble du corps,
Les chercheurs insistent sur la rareté d’une inflammation signifi- dont le cerveau, et détection d’ARN sous-génomiques dans de nom-
cative en dehors de l’appareil pulmonaire, même chez les patients breux sites.
décédés à un stade tardif de l’infection, plusieurs mois après le
début des symptômes. Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que l’importante dissémi-
nation du virus dans l’organisme est la conséquence d’une virémie
De précédentes études avaient rapporté la présence de l’ARN viral précoce (présence du virus dans le sang) et que le virus parvient
dans certains sites extra-pulmonaires. Cette étude est cependant plus au cerveau en franchissant la barrière hémato-méningée. Selon
informative dans la mesure où elle a permis de détecter et de quan- eux, la réplication virale peut donc survenir à un stade précoce de
tifier les niveaux de charge virale, mais également d’isoler le virus Covid-19, même en cas d’infection asymptomatique ou de forme
dans des cultures cellulaires. En résumé, elle montre que « le coro- légère de la maladie.
navirus dissémine à un haut niveau dans le corps et dans le cerveau à
un stade précoce de l’infection ». Et les auteurs de souligner que « la On attribue généralement certains mécanismes sous-tendant la sur-
réplication virale se produit dans des sites extra-pulmonaires durant venue de symptômes prolongés faisant suite à une infection par
la première semaine suivant le début des symptômes ». SARS-CoV-2 (baptisés Covid-longue ou Covid long) à une réaction
inflammatoire généralisée ou locale. Or les auteurs de cette étude
Cette étude confirme les résultats d’études antérieures qui avaient font remarquer que leurs résultats sont largement en faveur d’une
détecté la présence de l’ARN du SARS-CoV-2 dans le cœur, les persistance du virus et qu’ils n’ont pas observé d’inflammation
ganglions lymphatiques, l’intestin grêle et les surrénales. Ces nou- significative en dehors de l’appareil pulmonaire, ceci même parmi
veaux résultats montrent donc que le SARS-CoV-2 est effective- les patients décédés plusieurs mois après le début des symptômes.
ment capable d’infecter et de se répliquer dans ces tissus, mais Et de conclure que mieux comprendre la physiopathologie des
également d’autres sites extra-pulmonaires tels que le côlon, les tis- symptômes prolongés faisant suite à une infection par SARS-CoV-2
sus lymphoïde et oculaire. Et les chercheurs de souligner que bien pourrait déboucher sur une amélioration de la prise en charge des
que les patients au stade tardif présentent au niveau pulmonaire une patients présentant des troubles séquellaires.
moindre quantité de SARS-CoV-2 que les patients précoces, leurs
taux de charge virale sont similaires dans les tissus pulmonaires et Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, Facebook, LinkedIn)
extra-pulmonaires.
Les chercheurs précisent avoir détecté des ARN sous-génomiques
dans au moins un tissu dans plus de la moitié des cas (14 sur 27),
au-delà de la deuxième semaine après le début des symptômes, ce
qui suggère l’existence d’une réplication virale prolongée (jusqu’à
99 jours dans les sites extra-pulmonaires).
Dissémination du virus même chez les patients décédés
d’une forme asymptomatique ou légère de Covid